To: George Thomson, Edinburgh
Vienna, July 20, 1811

Anderson v1 pg330-332 - letter #319


Monsieur!

       Comme les trois exemplaires de ces cinquante-trois chansons écossaises que j’ai vous envoyés il y a longtemps, se sont perdus et avec eux la composition originale de ma proper main, j’étois force de completter mes premiers idées qui me restoient encore dans un manuscript, et de faire pour ainsi dire la même composition deux fois.  L’Etat de nos finances a influence sur tous les artistes et ils manquaient pour quelque temps tous les moyens de les contenter; mais à present où l’ancient ordre est retabli, j’ai trouvé un copiste raisonnable et invariable et je suis en état de pouvoir server plus promptement.

       A l’egard de ces cinquante trois chansons écossaises il est à observer, que j’ai donné dans ma omposition à peu près à chaque chanson deux parties croyant que chaque chanson consistait en deux parties; mais il dépendra de vous, de vous en server ou non; il est ad libitum. Vous trouverez prima et alors seconda volta vous pourrez rayer la mesure de prima volta et commencer de suite avec la mesure de seconda volta.  Dans le cas où on trouve 1.2.3. volta et l’ultima volta ou il fine on est oblige d’exécuter seulement la mesure ou plusieurs mesures de 1.2. et 3. Volta, quand on retourne à dal segno, ou quand on veut commencer de nouveau.  En cas contraire si on veut continuer sans commencer de nouveau on peut se dispenser de la measure 1,2,3, volta et on prend d’abord la mesure de l’ultima volta ou note il fine.  J’espère que ces details suffiront pour vous éclairer de ma composition et que vous l’accueillerez.

       Je vous prie d’ajouter dans l’avenir toujours le texte, sans cela on est hors d’état de satisfaire aux pretentions des connaisseurs et de composer un accompagnement digne d’une bonne poésie.

       Vous avez tort de m’exprimer votre méfiance; je sais respecter mon parole d’honneur et je vous assure, que je ne confierai pas à personne une de mes compositions jusqu’à que le temps convenu sera échu.

       Je reviens encore une fois sur votre letter de 17 Sept. 1810, malgré que la réponse e nest partie tout de suite après sa recette. A l’egard de l’offre de cent ducats en or pour les trois sonates je vous declare que je les accepterai pour vous plaire et je suis aussi prêt de vous composer trois quintettes pour cent ducats en or; mais quant aux douze chansons avec le texte en Anglois le prix fixe e nest de 60 Ducats en or (pour quatre chansons la prix est de 25 Ducats).  Pour le cantate sur la bataille dans la mer baltique je demande cinquante Ducats; mais à condition que le texte original n’est pas invective contre les Danois; dans le cas contraire je ne puis m’en occuper.

       Pour l’avenir il me sera agréable de travailler pour Vous; mais à l’egard de la crise malheureuse dans laquelle nous vivons et à l’egard des grandes pertes que j’ai deja souffert par ma confiance envers vos concitoyens il est une condition essentielle qu’il Vous plaira de donner ordre à la maison de Fries et Compagnie d’accepter mes compositions pour vous contre payement content; sans cela il me sera impossible de satisfaire à vos Commissions.

       J’attends de vous que Vous fierez l’epoque à laquelle il vous plaira de publier mes compositions et que vous m’en avertirez pour que je puisse après le terme échu les faire imprimer et ainsi render compte en public du Continent de mes occupations dans la parti don’t je m’occupe.

       Je ne manquerai pas de Vous communiquer sous peju mes symphonies arranges, et je m’occuperai avec Plaisir d’une composition d’un oratoire, si le texte en sera noble et distingué et si l’honoraire de 600 Ducats en or vous conviendra.  Les dernières cinq chansons écossaises vous recevrez sous peu par la maison de Fries.

       En attendant votre réponse je vous prie d’être assure de ma plus haute consideration avec laquelle j’ai l’honneur d’être

                   Votre très humble et très obeisant serviteur
                                                                          Louis van Beethoven